La couleur, c’est la vie… Je rappelais l’autre jour lors d’une conférence ma règle préférée : celle de l’accord des adjectifs de couleur, qui sont invariables quand ils sont basés sur un nom commun (“des bols orange”, sans S à orange). Mais, amis des mots, vous vous souvenez sûrement qu’il y a des exceptions à cette règle… par exemple mauve ou rose, qui s’accordent, bien que ce soient avant tout des fleurs (“des bols roses”, avec un S à rose).
Les autres exceptions, donc les adjectifs de couleur qui se mettent au pluriel, sont plus rares : fauve (là, on voit bien, un brun orangé, genre poil de lion), il y a aussi écarlate (rouge vif), pourpre (un rouge violacé, d’après le Larousse), et puis il y a incarnat. Et, tandis que je rappelais ces exceptions à la règle, vlatipa qu’une voix s’élève pour demander naïvement : “C’est quelle couleur, exactement, incarnat ?”
Figurez-vous que je n’en étais pas bien sûre. Voilà bien la correctrice : je sais comment le mot s’écrit, je sais comment il s’accorde et je ne sais pas précisément à quelle réalité il fait référence. Pour moi, incarnat, c’était un rouge. Ni une ni deux – là aussi, réflexe de correctrice –, j’ai filé dans mon dictionnaire (j’ai le Petit Larousse sur mon téléphone, je vous recommande ça, l’appli est – un peu – payante, 4,99 euros, mais quelle bouée de sauvetage !).
Et la réponse est ? “Incarnat, incarnate [oui, ça se met au féminin] : d’un rose vif. Des lèvres incarnates. Le mot vient de l’italien incarnato, de carne, ‘la chair’.”
Et, puisque nous avons parlé de pourpre, on peut dire LE ou LA pourpre, selon le sens. Le mot vient du latin purpura, qui désigne de jolis escargots de mer également appelés murex, qu’on faisait macérer (les pauvres) pour en tirer ce colorant rouge très prisé et très cher – c’est pourquoi cette couleur était réservée aux puissants (nobles, prêtres ou magistrats) et que la pourpre symbolisait le pouvoir. La couleur, c’est LE pourpre, mais la matière colorante, l’étoffe teinte ou le symbole lié à cette étoffe, c’est féminin.
Il y a d’autres noms de couleurs un peu rares, comme ça. J’adore cuisse-de-nymphe-émue, par exemple, qui, au XVIIIe siècle, désignait une couleur chair, comme son nom le laisse deviner – on ne l’emploie plus aujourd’hui. Idem pour la couleur puce, un marron foncé. J’aime bien aussi le smaragdin, qui est un vert (en grec, smaragdos désigne “l’émeraude, la pierre”). Et puis il y a l’un de mes mots préférés, zinzolin, c’est un violet rougeâtre.
A noter, s’il vous prenait la fantaisie de faire l’acquisition d’une chemise de cette couleur, amis des mots, qu’il va falloir choisir votre camp : Larousse.fr dit zinzoline, tandis que le Petit Robert dit zinzolin ! Ah, et dans le genre couleur rare, je garde un souvenir très fort d’une BD publiée dans mon adolescence par le mensuel Fluide glacial. Ça s’appelait L’Homme au costard gludure. L’auteur, Coucho, avait inventé une couleur, gludure. La plus envoûtante, la plus belle de toutes. La BD était en noir et blanc. Vous en étiez réduit à imaginer cette couleur. Gludure. C’est si beau. Cet été, je rêve de me pavaner sur la plage en maillot de bain gludure.
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