ATTENTION, ce blog-post contient des spoilers…

Voilà près de 67 ans que la Reine Elisabeth II règne sur le Royaume-Uni et les pays du Commonwealth. Une longévité sans pareille en Angleterre qui en laisse songeur plus d’un. Soixante-sept années à diriger et tenir une entreprise familiale qui aura su traverser les époques et les tempêtes ! Car la famille royale d’Angleterre est régie selon les même codes qu’une véritable entreprise, qui doit obéir à des règles et rester innovante afin de perdurer dans le temps.  Au sein de cette famille hors-norme, il y a les royalistes convaincus qui n’accepteraient pour rien au monde de revenir sur l’ordre établi, mais aussi les différentes strates et protocoles associés qu’il faut savoir respecter, appréhender et adapter, et enfin, les dissidents pour qui le seul mot d’ordre serait modernité.

En ça, la série The Crown, diffusée sur Netflix est un parfait miroir de la vie d’une entreprise. En monarque absolue et chef de cette entreprise familiale, la Reine Elisabeth II a dû, dès son plus jeune âge, endosser une responsabilité sans pareille qui la mènerait jusqu’à la fin de sa vie. Entre tradition et modernité, elle mène son entreprise d’une main de fer en lui apportant, bon gré mal gré, les évolutions nécessaires afin qu’elle puisse garder sa grandeur et continuer à prospérer, entre bénéfice d’image et rentabilité. God save mon entreprise ! 

1952, un nouveau dirigeant

Ne compliquons pas les choses inutilement. Mon nom est Elisabeth

The Crown, Saison 1/Episode 2

Celle qui n’avait pas vocation à devenir reine d’Angleterre a vu sa vie bouleversée une première fois en 1936, quand son oncle Édouard VIII a été contraint d’abdiquer au profit de son frère, George VI. C’est en 1952, lorsqu’elle était âgée de seulement 26 ans, que le destin de celle qui n’était encore qu’Elisabeth pris un tournant radical, avec la disparition de son père. A 26 ans, celle qui n’a connu que les dorures du palais de Buckingham, se retrouve souveraine d’un empire immense, à régler des problèmes internationaux, à gérer des questions géopolitiques et à s’entretenir avec son Premier ministre tous les mercredis. Face à ce manque de connaissance dont elle pâtira, Elisabeth II fera malgré quelques difficultés le choix de l’apprentissage et de l’ouverture sur les autres afin de parfaire son avoir et asseoir son aura.

Comme un ordinateur qui n’aurait pas été programmé, la Reine a su avant l’heure appliquer les préceptes du machine learning, en faisant le choix d’apprendre et développer ses capacités d’analyses et de compréhension pour grandir et s’assurer la pérennité de ses relations, qu’elles soient professionnelles ou sociales. Arrivée à la tête d’un royaume par accident, Elisabeth II était un dirigeant qui s’est retrouvé propulsé à la tête d’une entreprise sans qu’il en ait exprimé la demande. Il s’agit donc de se faire accepter et d’apprendre, pour investir au mieux ce nouveau titre qui est devenu le sien. Ce titre qu’elle porte est justement bien plus qu’un titre. Elisabeth II a fait don de sa vie à la Couronne anglaise et continuera jusqu’au bout. Tel un chef d’entreprise, elle porte la réussite de son entreprise et entend la porter le plus loin possible. Pour y parvenir, elle a su apprendre de ses faiblesses, ses lacunes, pour les transformer en force. Une réinvention constante pour réussir.

Si aujourd’hui en entreprise l’apprentissage n’est pas que l’apanage de ses dirigeants mais bien de tous les employés, c’est par les connaissances et la formation que pourra être mené le futur de l’entreprise et sa réussite. La formation, notamment aux outils numériques, est nécessaire pour accompagner le développement des compétences des salariés, pour qu’ils puissent se les approprier et en tirerle meilleur, dans leurs vies tant privées que professionnelles. Le numérique nous a notamment obligés à repenser notre système de formation initiale et continue. Comme la Reine Elisabeth II en son temps, les connaissances, les performances et par répercussion la rentabilité sont le fruit d’une formation adéquate et adaptée à chacun.

1955, changement d’équipe

Comment vais-je faire sans vous ? Vous vous débrouillerez très bien madame

The Crown, Saison 1/Episode 9

Alors qu’elle avait su créer avec lui une relation de confiance basée sur un profond respect mutuel, Winston Churchill remet sa démission à Elisabeth II et il sera remplacé par Anthony Eden, son deuxième Premier ministre. Il s’agit donc pour la Reine de reconstruire une nouvelle relation et d’établir un nouveau mode de fonctionnement dans un monde déjà très codifié. L’Histoire nous prouvera plus tard qu’elle devra répéter à plusieurs reprises cet exercice, Theresa May étant le 13ème Premier ministre que verra défiler Elisabeth II. Car si la Reine endosse le rôle de chef d’orchestre discret mais gardant un œil sur tout, celui qui doit mettre en musique est sans conteste le Premier ministre, qui doit mener la politique de toute une nation et assurer son bon fonctionnement. Un peu comme un chef d’entreprise et son DSI aujourd’hui.

Nouvel homme fort des entreprises aujourd’hui, le DSI a vu son rôle transformé, passant de simple garant de la surveillance des systèmes informatiques à celui de coordinateur en chef. A une époque propice au changement et dominée par l’automatisation, l’intelligence artificielle ou encore le cloud, le DSI occupe une place à part dans la stratégie de transformation et de modernisation des entreprises. Ce premier ministre de l’entreprise, a un rôle pivot bien plus complexe et exigeant qu’il n’y parait et ses fonctions ne sont aujourd’hui plus seulement technologiques. Il doit collaborer de pair avec les équipes dirigeantes afin de justifier pourquoi les investissements informatiques à long terme sont indispensables au succès futur de l’entreprise, mais également conseiller et résoudre les conflits en cas de crise majeure. Une collaboration nécessaire pour rassembler les différents services et équipes et dresser ensemble une feuille de route commune de la transformation de l’entreprise.

1957, une nécessaire transformation

Il y a 25 ans, mon grand-père a été le premier à enregistrer un message pour présenter ses vœux. Aujourd’hui est une autre date marquante, car la télévision a rendu possible que je sois parmi vous en cette journée de Noël. 

Elisabeth II, 1957

C’est par ces quelques mots que la reine Elisabeth II a choisi de commencer son tout premier message télévisé de Noël en 1957. Ce pas vers la modernité, qui marqua à jamais l’histoire de la Couronne, n’est pas simplement dû au fait d’une soudaine envie de modernité de la Reine. Elle a su entendre les voix dissidentes qui commençaient à gronder et notamment celle de Lord Altrincham. Monarchiste convaincu, il proféra des critiques qui selon lui, avaient pour seul but de faire entrer la Couronne anglaise dans son époque et être enfin en phase avec son temps. Lucide sur le poids de la tâche et des responsabilités qui incombaient à Elisabeth II, il considérait que seule la Reine pouvait faire évoluer les choses. Malgré des conseillers réticents à toute forme d’évolution, elle n’est pas restée hermétique et a su saisir l’importance de la transformation et d’évoluer avec son temps : plus de messages télévisés, une communication adoucie, multiplier les rencontres avec ses sujets… Un virage que le palais de Buckingham reconnaitra publiquement.

Avec cette anecdote charnière de l’histoire de la Couronne anglaise, le besoin de transformation, d’évolution et d’adoption des technologies adéquates apparaissaient plus que jamais aujourd’hui nécessaires. Si nous devions retenir une leçon de ce virage effectué par la reine Elisabeth II, c’est d’avoir su écouter mais surtout d’avoir eu la hauteur d’esprit d’entendre et comprendre pour accepter le changement. Tous les experts et cabinets d’analystes s’accordent à le dire, si une entreprise n’a pas entamé ou n’envisage pas de se transformer d’ici peu, ses chances de survie sont minces. Il ne s’agit bien entendu pas d’agiter le pavillon de la transformation pour rentrer dans le même moule que ses concurrents, mais bien de repenser son modèle et de l’adapter avec les outils et technologies nécessaires, pour conduire un changement utile et efficace afin de rester dans la course.

Si l’on devait retenir un enseignement de la série The Crown et de la vie de la couronne anglaise, ce serait non seulement de se montrer résilients face aux épreuves et de privilégier la collaboration, car c’est bien l’ensemble des salariés, menés par un dirigeant tourné vers l’avenir, qui sont les forces vives de l’entreprise et assureront sa réussite. Une réussite qui ne devra pas faire l’impasse sur une transformation et l’adoption des nouvelles technologies pour se réinventer et regarder vers l’avenir. L’avenir sera technologique ou ne sera pas. Long live l’IT !