Musique : Facebook va t-il enfin respecter les ayant-droits ?

Business : A l'heure où la vidéo est devenue la forme de communication la plus plébiscitée sur les réseaux sociaux, la question des droits musicaux n'a de cesse de se poser.

Par Benoit Darcy

  • 3 min

Benoit Darcy

Si YouTube encadre plus ou moins correctement la problématique avec sa technologie ContentID, une référence en la matière – bien que perfectible – Facebook s’est montré bien plus permissif. Sur le réseau social, la gestion des droits musicaux relève du Far-West où le « pas vu, pas pris » demeure le maître-mot.

facebook-youtube-music-copyright

Ce statut, tout le monde en a profité jusqu’alors, utilisateurs comme marketeurs. Tout le monde, sauf les professionnels de la musique, ayants-droit et éditeurs en tête. Ainsi, dans une récente étude, la NPMA (syndicat regroupant plus de 800 éditeurs de musique aux Etats-Unis), a pris en référence sur une journée les 33 titres les plus vendus et a pu les identifier dans près de 900 vidéos totalisant près de 620 millions de vues, soit une moyenne d’environ 700.000 vues par vidéo.

C’est beaucoup, et surtout il ne s’agit que d’un maigre échantillon par rapport à la réalité qu’il s’avère difficile de quantifier précisément de par la nature de la plateforme. En effet, sur Facebook, tous les posts ne sont pas publics, loin de là même, autant de publications qui échappent à l’inventaire que peut pratiquer un organisme tiers comme la NPMA.

Quand le grotesque n’est plus une position tenable…

Et c’est justement la taille de cet inventaire qui importe énormément à l’heure où la musique se consomme en streaming, où les créateurs sont rémunérés au nombre de streams générés, et où Facebook devient de moins en moins un réseau social et de plus en plus un média à part entière. Dans ce contexte, la reconnaissance des oeuvres sur sa plateforme devient l’étape numéro un et la condition sine-qua-none pour créer un écosystème vertueux de rémunération des ayants-droits.

L’étape suivante sera de rémunérer la filière suffisamment en regard du trafic généré, ce que YouTube n’arrive toujours pas à faire. On parle notamment de « value gap », une situation ubuesque à laquelle se retrouve confrontée les acteurs de l’industrie musicale qui voient l’essentiel de la consommation digitale de leurs oeuvres se réaliser sur YouTube alors que cette plateforme est parmi celle qui leur rapporte le moins de revenus, bien loin derrière les services de streaming dédiés comme Spotify, Deezer, ou Apple Music… Et ce même si YouTube clame à qui veut bien l’entendre que depuis le lancement de ContentID en 2007, plus de 2 milliards de dollars ont été reversés aux ayants-droit musicaux…

Pouce vers le haut, pousse vers le bas…

La position de Facebook par rapport à la musique est sensiblement différente de celle de YouTube dans la mesure où la plateforme ne se revendique pas (encore) comme un média – ou du moins, a encore du mal à l’assumer pleinement. Pour autant, la firme de Menlo Park travaille sur l’amélioration de sa technologie de reconnaissance des oeuvres lancée il y a peu et – c’est une nouveauté – sur la conclusion d’accords de licence avec les éditeurs de musique, un point relevé très récemment par le Financial Times.

De quoi se positionner comme un acteur favorable aux créateurs, là où YouTube – au delà de ses quelques YouTubers stars – a du mal à se dépêtrer de son image de « mauvais payeur ». Facebook a de plus un atout supplémentaire de taille : il héberge la quasitotalité des fan-bases des artistes et propose un arsenal des plus efficace pour rentrer en contact avec celles-ci.

Quand on sait que les contenus musicaux arrivent en tête des vidéos les plus consommés sur les plateforme, cette position dominante vis à vis des fans, couplée à une mécanique vertueuse d’identification et de rémunération pourrait bien constituer pour Facebook un coup fatal porté à YouTube, dans une guerre qui fait rage depuis maintenant près de 3 ans.

Suivez moi sur Twitter :

Connexion

Vous n’avez pas encore de compte ?

AUTOUR DE ZDNET
SERVICES
À PROPOS